Ce que font les morts - Synopsis


Attention spoiler !!! Ce qui suit dévoile certains points clés de l'histoire. Ne lisez pas si vous souhaitez regarder le film tout en profitant du suspens !


Le monde est soumis à une inversion du flux naturel de la vie et de la mort : alors que les décès mystérieux se multiplient (meurtres, suicides et morts inexpliquées), le monde est sujet à une véritable invasion de fantômes. Dans les rues, dans les maisons, les morts remplacent progressivement les vivants : il semble que cela soit un phénomène naturel, sans cause identifiée. Ce que font les morts décrit, dans ce contexte, le parcours psychologique de Jacques, un inspecteur de police qui accepte peu à peu le nouvel ordre des choses.


Jacques est un flic aigri, divorcé et solitaire : seuls donnent encore un sens à sa vie l'ordre et la méticulosité avec lesquels il exécute tant son travail que l'entretien de son appartement. Pour lui, tout est affaire de principes et le principe selon lequel le monde appartient aux vivants est une règle immuable. Son métier le confronte à une foule de décés inexpliqués, dont sa hierarchie se désintéresse totalement ainsi que de l'omniprésence des spectres qui envahissent notre espace vital. Les gouvernements du monde entier reconnaissent même finalement que  l'inversion du flux entre la vie et la mort est un événement qu'il faut accepter, en face duquel l'humanité est impuissante. Confronté à un vide de sens assumé de la part de ses semblables, Jacques résiste : il s'insurge contre la passivité ambiante, contre sa voisine qui s'habitue doucement à l'omniprésence de la morts en regardant des snuff-movies sur internet, contre les comportements de démence qui deviennent une forme de norme... Les morts, quant à eux, se contentent de revivre inlassablement des séquences de leurs vies passées, à travers des actes et des paroles répétitifs -presques mécaniques- et une indifférence totale au monde qui les entoure : Jacques n'accepte pas davantage "l'inhumanité" de leurs comportements.


Après une série de rencontres troublantes, Jacques s'entretient avec un ami barman, inlassable observateur de la condition humaine. Celui-ci lui démontre qu'il n'y a que peu de différence entre le comportement des morts et celui des vivants : les vivants eux aussi vivent dans leur monde intérieur, n'entendent et ne voient que ce qui entre dans leur sphère de compréhension, et répètent inlassablement les mêmes scénarii : la seule différence est que les morts ne ne cherchent plus à dissimuler ou à nier cet état de fait.


Comme frappé d'une illumination, celle du renoncement, Jacques se retire aux abords d'un fleuve et rencontre une femme paniquée, horrifiée par ces événements comme lui l'était auparavant.. Avec bienveillance, Jacques l'abat, s'émerveille de la beauté du paysage qui l'entoure et, serein, se tire une balle dans la tête.


Derrière un discours apparemment pessimiste, Ce que font les morts ne fait que souligner l'absence de sens qui habite souvent nos existences et la "non-vie" qui se dissimule parfois derrière le quotidien des êtres. Le cheminement du personnage principal illustre la souffrance engendrée par le déni de réalité, et ce que le bouddhisme nomme la "dualité" (la perception aveugle du "moi/nous" contre "eux", des "bonnes choses" contre les "mauvaises choses"). Il ne s'agit pas bien entendu de prétendre que le meurtre et le suicide sont une issue, mais de mettre en évidence de manière un peu extrême la dérive d'une société ou le faire et l'avoir prennent le dessus sur l'être et le sens. Dans un tel contexte, celui qui perd ses illusions ne peut que sombrer dans l'acceptation du néant de sa propre existence et, ce faisant, apercevoir enfin la beauté du monde.