Depuis le pont : note d'intention de Jérémy Ferhadian


Depuis le pont raconte un croisement de générations. Trois jeunes gens qui s’apprêtent à tourner un film rencontrent un ancien dont on suit la mémoire comme on a suivi les aspirations de la jeunesse…


Ce que je désirais avant tout, à travers cette collaboration, était de figurer des jeunes. Rémy et moi nous rejoignons sur cette volonté de mettre en image un regard personnel sur notre génération. J’ai ainsi profité de ma collaboration avec Rémy pour travailler sur un lien entre les générations et que celui ci tisse des réseaux étroits ou distendus entre la jeunesse et la vieillesse. Cependant, le but n’est pas de présenter un portrait unique et encore moins caricatural. Je voulais particulièrement figurer le personnage de la réalisatrice, déterminée, à la fois rigoureuse et ouverte, comme une représentation positive de cette jeunesse. Elle est, selon moi, la figure-phare de la jeunesse dans le film, les deux autres jeunes constituant des liens plus étroits avec l’ancien.


Si le travail sur les générations a motivé la création du film, j’éprouve aussi un intérêt à figurer l’intériorité des personnages, leurs rêves, leurs peurs et leurs désirs, ce dont témoigne la présence de monologues intérieurs. Si j’ai laissé beaucoup de liberté à Rémy pour la mise en forme de ceux de l’ancien, j’ai essayé de faire correspondre ceux des jeunes à la réalité, pour ne pas créer un portrait artificiel. Le but est de faire entendre de véritables réflexions que n’importe quel jeune peut avoir, que celles-ci soient simples ou complexes.


La nuance a guidé la figuration des personnages, mais également le titre du film. On est sur un pont, ni au-dessus d’eux et méprisant, ni en-dessous et admiratif. Je voulais avoir ce regard nuancé sur les générations représentées.


Enfin, je voulais expérimenter le roman-photo pour son ouverture à de nouvelles possibilités narratives et esthétiques, laquelle ouverture me guide toujours dans l’élaboration de mes projets.